En 1874, la production maximale annuelle est atteinte : 354 649 tonnes.
A cette époque, la rémunération des mineurs est similaire à celle de la plupart des bassins houillers. Ce ne sera plus jamais le cas. Les salaires vont stagner, voire diminuer. Dès 1877, on voit apparaître des jours chômés. A certaines périodes de méventes, on ne travaille plus de 5 jours au lieu de 6. En 1892, les mineurs creusois ont des salaires inférieurs de 10 % à la moyenne nationale.
En 1900 les payes sont établies par catégories : les piqueurs et boiseurs touchent 4.40 F ; les manoeuvres 2.75 F ; les femmes 1.90 F. Suite à des mouvements de grève en 1919 et 1920, des augmentations sont accordées. Elles seront réduites l'année suivante. En 1921, les piqueurs et boiseurs touchent 4.00 F, soit 10 % de moins qu'en 1900 ! Bien que cette pratique soit interdite, beaucoup d'ouvriers font le double des horaires : on les appelle des "doublants".
Les licenciements sont nombreux. A la fermeture de la concession Nord, en 1928, sur 450 salariés, la Cie en garde 180.
Seul le puits Quatre de Courbarioux (concession Sud) reste en activité. L'usine hydroélectrique de Chantegrelle et la briqueterie continuent à fonctionner, ainsi que les ateliers du carreau du puits Central et les bureaux. A l'extérieur, la Cie exploite également les concessions de Lubière et Rilhac du bassin houiller de Brassac en Haute-Loire.
En 1941, La Sté de Recherches et d'Exploitation de houille d'Ahun Nord va reprendre l'exploitation de la Concession Nord. C'est "la mine Marchand" que nous avons connue.
Entre temps la victoire du Front Populaire aux législatives de 1936 apporte de profondes réformes sociales, dont l'application des Conventions Collectives pourtant reconnues depuis 1919. Les employés de "la mine Marchand" en bénéficieront.
Voici un extrait du Statut des mineurs :
ainsi qu'un exemple de feuille de paye :
Aux conditions de travail difficiles, il faut ajouter des logements sans grand confort. L'eau courante ne sera installée dans la commune qu'en 1960.
Balsamine évoque la maison de son enfance
Entre 1865 et 1874, la Cie des Houillères fait construire un ensemble d'habitations collectives pour loger les ouvriers : les casernes, au nombre de cinq. Le matériau de base est la brique rouge, des traverses de chemin de fer servent de poutres. Chaque caserne permet de loger huit familles qui disposent d'un logement de trois pièces (44 m2 par logement) et d'un jardin.
Vers 1874, vingt habitations individuelles, avec jardin sur l'arrière, seront contruites faubourg St-Jacques, de part et d'autre de la rue, sur le même plan que les casernes : les corons.
S'ajouteront cinq bâtiments Rue du Centre où logeaient les employés de bureau, les porions et chef de postes.
Ci-dessous, des vues de deux bâtiments
Les familles étaient nombreuses, et modestes, mais tout le monde "était logé à la même enseigne". La solidarité était de règle envers les familles des victimes d'accidents ou endeuillées ... On retrouve dans les registres la trace de collectes organisées pour venir en aide aux familles.
On n'était pas triste pour autant ! La tradition des surnoms en est un exemple. Chacun avait le sien : trait de langage, de physique, de caractère, et hop c'était fait ! En voici un petit échantillon de la mine Marchand :
Balustre, Patte de geai, Père Labitte, Bouclette, Le Coq, Beaublair, Mailloche, Billou, Pilote, La Mèche, P'tit Gros, Laïaut, Le Grand Bouine, Bobet, Grincheux, Mon Frère, Le Gouaire, Tanisse, Ficelle, Babassou, Coulomine, Le Pipe, Grand'Jules, Le Gorille, P'tit Louis, ..... Plusieurs avaient le même prénom (voire 3 ou 4) mais nul ne s'y trompait entre les divers diminutifs : Bébert, Charlot, L'Henri, Gégène, Tatave, Pierrot, Lili, Nénesse, D'siré, Riri ......
à suivre ...................