Les écoles
L'histoire de nos écoles invite à la réflexion : si nul ne peut se prévaloir de connaître l'avenir, chacun se doit de tirer les leçons du passé !

Le beau bâtiment, que nous appelons toujours "les vieilles écoles", aujourd'hui affecté à un autre usage, fut bâti à l'épreuve du temps, semble-t-il ... Mais ne le fut pas à l'épreuve de la mine ...  
 

Après avoir reçu un rapport alarmant de l'Académie sur le mauvais état des locaux servant de classes, le Conseil Municipal prend la décision de faire construire un groupe scolaire, dans sa séance du 8 mars 1921. A l'époque, l'école est installée dans des bâtiments de la S.A. des Houillères, au lieudit "la Croix" (notamment l'ancienne verrerie).
 
 

Sur cette vue du passage à niveau, on aperçoit, au bout de la rue du Centre l'emplacement où s'érigera le bâtiment, ainsi que l'ancienne verrerie utilisée comme école. Pour la petite histoire, la Croix qui s'élevait à cet endroit -et lui a donné son nom - a été déplacée et son socle en granit a été vendu par la Commune en 1926.

Il s'agit sans doute de la grande croix de granit qui se trouve au cimetière, près du tombeau des Filles de la Charité.

 
 

A cette date, l'école compte 217 élèves, garçons et filles ... on note une population de 2258 habitants. 

Des pourparlers s'engagent avec deux propriétaires fonciers : l'un route d'Ahun (qui demande 30 000 F) et l'autre sur la rive gauche de la route de la Gare. Ces négociations traînent en longueur et n'aboutiront pas, les prix étant jugés trop élevés !

Trois ans plus tard, le 28 janvier 1924, la Municipalité décide de passer un accord avec la S.A. des Houillères pour acquérir les bâtiments actuels et les terrains alentours, permettant d'implanter ce projet.


La réponse émane de M. Legrand, Régisseur de la S.A. des Houillères : "M. le Maire, après communication à M. Crochet, notre Directeur, de votre lettre et de nos pourparlers, suivant son autorisation, nous avons l'honneur de vous faire connaître que pourraient vous être cédés, au prix très bas de 15 000 F, le terrain actuellement en nature de jardins qui se trouve le long du chemin de Bourlat, les bâtiments et matériaux des écoles de garçons et de filles, école maternelle, le bâtiment servant de logement au Directeur de l'école de garçons, le jardin affecté à ce logement, ainsi que les cours des susdites écoles ................. Nous pensons que vous-même et le Conseil Municipal ne manquerez pas d'apprécier la modicité du prix qui vous est indiqué" ...
et suit un P.S. qui se révèlera lourd de conséquences : "Bien entendu, en cas de vente, la Cie se libèrerait de toutes responsabilités en ce qui concerne les dommages de quelque nature qu'ils soient pouvant survenir aux immeubles cédés, par suite de travaux souterrains.".

Le 11 février 1924, le Conseil Municipal demande l'autorisation d'achat au Préfet. L'administration se fait tirer l'oreille et, prudemment, conseille un autre choix de terrain ... Le Conseil Municipal maintient pourtant sa décision, arguant qu'il n'y a pas d'autre emplacement possible, et le confirme par vote le 6 août 1924 : 10 pour, 7 contre. Un bras de fer s'engage ... un an plus tard, le 13 août 1925, le Préfet donne son accord, accompagné d'un rapport des T.P.E. et de l'Ingénieur des Mines.


Le projet est mis à l'étude et confié à l'architecte Alexis Louis Pellissier, qui le présente le 11 janvier 1926 pour 10 classes et un total de travaux de 501 999,58 F.

De nouveau, l'Administration tarde à donner son aval ... et réclame une école maternelle conforme aux exigences de la loi ...

Le projet est alors revu à la baisse : 8 classes (4 de filles et 4 de garçons). Le 28 septembre 1926, l'école de filles, délabrée, est fermée et transférée provisoirement dans d'autres locaux.

L'Académie accepte enfin le projet : 538 590 F dont 183 120 F subventionnés par l'Etat. Une modification est toutefois apportée aux travaux : plancher en pin et charpente en sapin sont remplacés par du ciment armé.


Le 25 juin 1928, l'école maternelle est supprimée ; à sa place, une classe enfantine est créée "qui se trouvera dans le groupe scolaire de 8 classes, terminé pour la rentrée d'octobre prochain (1928/1929)".

La réception définitive des travaux a lieu le 15 janvier 1931.

 



(l'entreprise qui les a réalisés est Clavier & Cie, entrepreneurs à Chatillon-sous-Bagneux). Le chauffage central, avec chaudière au charbon ne sera installé qu'en 1933. 

Voici la façade principale en 1931 :

La voici aujourd'hui :


Ce bâtiment, de belle prestance,  mis en valeur par la longue ligne droite de la rue qu'il surplombe, est une réussite architecturale. C'est le plus bel édifice de la commune.

En façade, un large escalier donne accès à un grand vestibule ; du côté droit : l'école des garçons, du côté gauche : l'école des filles. Sur l'arrière, un préau sépare les deux cours de récré.

Voici la cour des filles en 1931 :
et aujourd'hui :

 
Voici la cour des garçons en 1931 :
La voici aujourd'hui :
 
Dès la rentrée d'octobre 1928, la vie scolaire reprend son cours dans ce bâtiment flambant neuf qui accueille 215 élèves : 108 garçons et 107 filles. Ces enfants sont en grande majorité issus de familles de mineurs, dont beaucoup de fratries : il n'est pas rare de compter 8 à 10 frères et soeurs, voire plus.

Voici quelques vues des classes en 1931 :

 

Flash Player pas à jour

 

Avant de poursuivre, il semble utile d'ouvrir une parenthèse pour évoquer le contexte socio-économique de cette rentrée scolaire 1928/1929. La commune traverse une crise grave : après la grande grève qui a marqué la fin de l'année 1927 et l'incendie de l'usine d'agglomérés, la concession Nord a fermé en 1928. Seul le puits 4 de Courbarioux -concession Sud- reste en activité. A Lavaveix-les-Mines, les ateliers situés "allée de la Mine" continuent à fonctionner et  dans le "château de la Mine" où loge l'ingénieur-directeur, ont lieu les réunions du Conseil d'Administration de la S.A. des Houillères.

Cette situation a provoqué l'exode des mineurs et l'arrêt du commerce. Le marasme est général, et conduit le Conseil Municipal à prendre une délibération, le 27 juin 1929, à l'unanimité de ses membres pour demander, à ses frais, une nouvelle évaluation des propriétés bâties de la commune, qui tienne compte, à la fois de la diminution de la population et de la dépréciation des valeurs locatives. Cette révision exceptionnelle aura lieu le 18 octobre 1930.

Il faudra attendre la guerre pour voir reprendre l'activité minière : en 1941, le puits Robert, dit mine Marchand, sera de nouveau exploité par une autre Sté, une autre direction.

La guerre amènera à l'école des petits parisiens et des petits réfugiés qui viendront grossir les rangs des élèves.


Lieu de mémoire par excellence, chargé de toutes les émotions de l'enfance, l'école fait partie intégrante de notre histoire ... on n'oublie pas ses jeunes années ! 

Ni, lorsque l'on vit dans les corons, la présence de la mine .... Celle-ci se manifeste dans les années 1960. Des glissements de terrain se produisent aux abords et sous le bâtiment scolaire, conséquences des travaux souterrains et de fortes inondations. L'école s'affaisse ; d'importantes fissures et dégats divers s'y produisent journellement d'une façon dangereuse. Le document ci-dessous, établi par le BRGM, extrait des Archives Départementales, résume la situation et les mesures prises :

 


Sur la photo ci-dessous, apparaissent les travaux de confortement par des tirants :

Le 7 octobre 1960, le Conseil Municipal ne peut que constater les faits et décide, à l'unanimité, d'envisager la construction d'un nouveau groupe scolaire.

Le même scénario va alors se produire : choix épique d'un terrain ... intervention des Houillères pour en proposer un sur le carreau de la mine ... On enlève pour celà une partie du terril situé derrière l'église jusqu'à la première allée ; on voit cet emplacement sur la vue ci-dessous, derrière la salle des fêtes.

Sur l'acte de cession, on trouve pourtant la même clause que celle acceptée en 1924 pour l'ancien groupe scolaire : "nous ne pourrons exiger de la Cie aucunes garanties de la nature du sol et du sous-sol. Il est expressément convenu que la Cie venderesse, ou ses successeurs ou dépendants, ne devront jamais à l'acquéreur ou ayant cause aucune indemnité ni garantie quelconque pour les dommages que les travaux souterrains des mines pourraient occasionner de quelque manière ou à quelque époque que ce soit, aux constructions ou à la surface du terrain vendu, quels qu'ils soient. La Cie s'engage à ne plus exécuter de travaux sous les terrains de la cession ci-dessus."

Les vieilles écoles furent désaffectées en 1963, jugées irréparables, et le nouveau groupe scolaire fut mis en service à la rentrée 1964.

 


Pour en savoir plus sur son organisation, rendez-vous sur le site de la Mairie, qui lui consacre un intéressant chapitre, d'une grande clarté.

L'histoire de nos vieilles écoles fut mise entre parenthèses jusqu'en 1995 environ où le Conseil Municipal décida de faire réparer et restaurer ce bâtiment, devenu un lieu polyvalent, recevant du public ... et rebaptisé "école des galibots" en 2004.

Ce nom de "galibots", s'il rend hommage aux enfants employés dans les mines, n'est pas un vocable de notre région. Il s'agit d'un nom picard, donné aux apprentis mineurs dans le Nord. Chez nous, les apprentis étaient simplement appelés "gamins" pour les plus jeunes et "grands garçons" pour les plus âgés.


Faisons connaissance avec nos mineurs, "Les Gueules Noires"
 



 
 


  
 
 



Créer un site
Créer un site