Plan de Prévention des Risques Miniers
Des intérêts inconciliables ?
Certains d'entre vous ont été intrigués par la présence d'une pancarte rouge, dans une propriété située sur la route d'Aubusson et ont souhaité recevoir des explications. Cette pancarte, c'est le combat de Gérard, et au-delà, de ceux qui, à Lavaveix-les-Mines, ont tout perdu !

Pour comprendre son histoire, il faut tout d'abord dire quelques mots sur le PPRM et son contexte.

Les habitants des anciens sites miniers se trouvent souvent exposés à des risques d'effondrements et mouvements de terrains, liés à la présence souterraine de galeries et de cavités qui résultent de l'exploitation.

L'objet d'un PPRM est de délimiter, dans ces territoires, les zones exposées aux risques : zones de danger ou zones de précaution, et de définir les mesures de prévention, de protection et de sauvegarde qui doivent être prises dans ces zones, tant par les collectivités publiques que par les particuliers.

Le PPRM de Lavaveix-les-Mines, décidé en novembre 2000, fait suite à une série d'affaissements miniers dans la zone dite des Bregères.

 
Document extrait du site de la DRIRE (clic pour agrandir)

D'origine non éclaircie, ils sont cependant rapprochés d'un pompage effectué du 5 mars 1997 au 28 février 1998 dans les galeries du puits Sainte-Marie, à proximité, qui préleva 56 000 m3 d'eau souterraine, vidant les galeries supérieures. Aucun lien de cause à effet ne fut cependant établi avec certitude. Une recommandation de la sécurité civile appelle pourtant à la prudence lors d'éventuels travaux de pompage qui entraîneraient une baisse de niveau d'eau des galeries.

Le combat de Gérard :

C'est le 29 mars 1982 que Gérard a obtenu son permis de construire, avec certificat de conformité du 25 février 1983.

En 2004, lors des recherches nécessaires à l'élaboration du PPRM, il apprend, par la DRIRE, la présence de galeries dans son terrain, et d'une cavité de 6 m3 environ sous sa maison. Des travaux de mise en sécurité ont été décidés sous la responsabilité de l'Etat : injection de béton dans la cavité. Cette opération a nécessité non pas 6 m3, mais 190 m3 quantité tout de même plus de 30 fois supérieure aux prévisions !

Pour autant, alors que cette opération de sécurisation a été menée par les services de l'Etat et sous leur entière responsabilité, il eut la surprise de découvrir que sa maison a été classée en zone rouge : c'est à dire dangereuse, lors de l'enquête publique sur le PPRM en avril 2011. Son habitation a donc perdu toute valeur, malgré ces travaux !

A défaut de s'indigner, on peut à tout le moins s'étonner de ce paradoxe : sécurisée par les services de l'Etat ... mais reconnue dangereuse par ces mêmes services !

Alors, sécurisée ... ou pas sécurisée ?

La réclamation écrite déposée par Gérard le 20 avril 2011 auprès du Commissaire enquêteur est restée sans réponse ...... comme d'autres d'ailleurs. Il semble que les services de l'Etat aient choisi la "voix" du silence !

Depuis, contre vents et marées, Gérard a planté sa pancarte rouge devant sa maison ... histoire de dénoncer les incohérences d'un PPRM qui a jeté le doute dans bien des esprits, et comporte entre autres de nombreuses zones d'ombre à côtés du "nuancier" officiel ! (les degrés de danger sont matérialisés par des couleurs).

Curieusement, cette protestation silencieuse n'a pas attiré que des sympathies !  Son jardin et sa boîte aux lettres sont devenus les cibles privilégiées des collecteurs d'immondices et porteurs de honteux documents ! La "charmante" bourgade a dû se voir débarrassée prestement de ses crottes de chiens et autres,  sur un large périmètre !

Loin de calmer les esprits et apporter le soutien nécessaire à cette cause, le Conseil Municipal, à la demande d'une Conseillère, a délibéré sur "la pancarte qui décourage les acheteurs potentiels de biens immobiliers" !

A croire qu'on préfère s'activer à "appâter" de nouveaux clients plutôt que d'assurer la sécurité des habitants actuels, ce qui est pourtant l'un des rôles essentiels de l'équipe municipale ! 

Un bien classé en zone rouge, c'est un bien qui n'a plus aucune valeur ! Une maison est le fruit de toute une vie, voire de plusieurs vies de travail et de sacrifices. 

Le propriétaire n'est pas responsable de la présence de galeries souterraines sous son bien ; néanmoins, c'est lui qui se trouve pénalisé, financièrement et humainement !

Quelle est la responsabilité des signataires du permis de construire ? Qui va compenser la perte de valeur des biens ? Que va t-il advenir des familles qui vivent dans des maisons dangereuses ? Quelles solutions va t-on leur proposer en dehors d'une "sécurisation" qui semble inefficace ? Qui va enfin apporter des réponses à ceux qui vivent dans l'incertitude et la crainte ?

Nous allons bientôt fêter le premier anniversaire de l'enquête publique.
Il serait grand temps, dans l'intérêt de tous, que l'on apporte enfin des réponses !

Gérard nous a quittés le 11 mai 2012. Nous avons perdu un ami ... un frère. Epris de justice, honnête et courageux, il a lutté jusqu'au bout, malgré les souffrances de la maladie et de violentes oppositions, pour faire émerger la vérité et obtenir réparation. Enfant de mineur, il aimait son village, comme nous, Comme nous, il souhaitait que la vérité ne soit pas enfouie à jamais dans un grand puits sans fond ...   Nous ne l'oublierons pas ! Sa pancarte restera un symbole.

Vous étiez si nombreux, lundi, pour cet au revoir à Gérard, que l'église de Lavaveix-les-Mines était trop petite pour tous vous accueillir, unis par la même émotion. Une cérémonie sincère, à son image, sans discours creux et vaines promesses dans le respect de ses dernières volontés ...

Nous serons vigilants aux suites données aux réclamations déposées lors de l'enquête publique du PPRM et aux réponses apportées aux victimes d'aléas miniers. Mais surtout, nous réaffirmons ici que nous serons attentifs à tous projets, travaux, actions de nature à faire courir des risques supplémentaires aux habitants et à porter atteinte à leur vie ou à leurs biens.

S'il existe" un noyau central" dans le projet de reconversion du site minier, c'est sans conteste la sécurité actuelle et future  de tous les habitants  ! Gardons-nous donc de l'oublier !


On peut se demander, dans un tel contexte, comment des élus peuvent envisager de déboiser  un terril minier en zone habitée, au nom de l'écologie, pour installer une centrale photovoltaïque ...



 
 



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