C'est la seule mine que nous avons réellement connue en activité. Pour situer l'emplacement du puits Robert, du nom de son concepteur l'ingénieur-directeur Francis ROBERT, il faut, juste avant le passage à niveau de la rue du Centre, aller sur la gauche,
Le puits Robert se trouvait côté opposé à la gare, au sud.
Voici la gare dans les années 1950 :
La voici aujourd'hui :
Il semble utile, en replaçant ce passé historique dans son vrai contexte, de préciser que toutes les voies d'accès, à droite comme à gauche, s'appelaient "allées de la mine", sur le carreau des grands puits.
Le puits Robert fut foncé en 1867 à 116 mètres de profondeur, pour supplanter la production du puits Saint-Antoine, à cause de la qualité inférieure du charbon (charbon maigre). Il fut décrit comme un "modèle de bonne installation".
Il fermera une première fois en 1910.
Ainsi, sur le secteur de Lavaveix-les-Mines, aucune extraction n'aura lieu après la fermeture du puits Central en 1928, et aucun puits ne sera en activité jusqu'en 1941.
C'est à cette époque que l'exploitation va reprendre, grâce à un ingénieur des mines de Clermont-Ferrand : Fernand GAUTHIER. Une SARL est créée, siège social Lavaveix-les-Mines : société de Recherches et d'Exploitation Mines d'Ahun-Nord
La S.A. des Houillères d'Ahun lui amodie le droit d'exploiter la concession Nord, fermée depuis 1928.
Il demande au Gouvernement de lui procurer un ingénieur des mines répondant aux mêmes critères que lui : "Ingénieur de l'Ecole des Mines d'Alès ... auvergnat".
C'est ainsi que Louis MARCHAND, alors déporté en Silésie, dans les grands bassins houillers, arrive comme chef d'exploitation au puits Robert. Il dira plus tard "je fus désigné volontaire !".
Louis MARCHAND, né à St-Eloi-les-Mines le 10/12/1917, est d'origines modestes : son père était mineur de fond. Bien que très jeune -24 ans-, il sait très vite s'imposer. On parle alors de la "mine Marchand". Pour ses ouvriers mineurs, prompts à donner, à propos, un surnom à chacun, il devient "le balustre" du nom de son compas dont il ne se séparait jamais dans ses débuts. [un compas à balustre est un compas surmonté d'un manche en forme de balustre. Destiné à tracer des cercles de petite taille, son emploi était facilité par le manche qu'on faisait rouler entre deux doigts]
Fernand GAUTHIER, quant à lui, fut surnommé "le petit vieux". Craint par les ouvriers, il passait l'inspection dans les moindres recoins quand il venait, mais avait une solide réputation d'excellent négociateur pour traiter les marchés.
La nouvelle société va exploiter les couches peu profondes (25 mètres atteints par une descenderie), au-dessus du niveau de l'eau (à environ 40 mètres de la surface).
Cette Société emploie alors 150 ouvriers.
Ses bureaux sont installés dans le bâtiment accolé au gros réservoir, carreau du Central (on entre par l'escalier situé entre les deux réservoirs qui permet d'accéder au bureau à l'étage) :
Au rez-de-chaussée se trouvait un atelier ; au 1er étage, les bureaux où M. MARCHAND travaillera des années durant avec une secrétaire. (nous remercions l'actuel propriétaire qui nous a autorisés à prendre des clichés)
Ce n'est qu'en 1961, à l'arrêt du puits 4 qui mettra fin à l'exploitation de la concession Sud, que M. MARCHAND intègrera les bureaux au 1er étage de la machinerie du puits Central.
Pendant la guerre, deux postes de travail sont mis en place : 7h / 14 h 45 et 14 h 45 / 22 h 30.
La Société va bénéficier de la forte demande de combustibles de l'après-guerre, malgré la qualité médiocre de son charbon. Considérée d'intérêt secondaire, elle ne sera pas nationalisée en 1946, ce qui la privera des subventions qui lui auraient permis de se moderniser.
Voici quelques vues des installations :
Les débouchés resteront trop limités, compte tenu de la concurrence des autres bassins houillers et du recours à d'autres énergies : fuel, gaz de Lacq, énergie nucléaire.
Après les filatures de Lyon, qui renoncent au charbon de Lavaveix en 1950, les Cimenteries Lafarge seront son seul gros client jusqu'en avril 1968, date à laquelle les achats s'arrêteront définitivement, les cimenteries s'étant converties au gaz de Lacq. En juin 1968, la production tombera à 1 152 tonnes.
Le puits Robert, communément appelé "mine Marchand" fermera définitivement en 1969, mettant un point final à un siècle d'exploitation industrielle.
Ses dernières années furent malheureusement marquées par un drame : en 1964, un éboulement au fond fit un mort et plusieurs blessés.
Celui qui n'a jamais entendu hurler la sirène de la mine et vécu l'interminable attente des familles sur le carreau ne sait rien des dangers de la mine !
En dépit de dures conditions de travail et de l'exposition permanente au danger, les mineurs n'étaient pas des gens tristes. Ils savaient à merveille manier l'art de la dérision comme en témoigne la chanson des mineurs "La mine à Marchand", indissociable de l'histoire de la mine. Ecrite en 1944 par R. Lagoutte sur l'air de "la rue de nos amours", ses premiers interprètes sont R. Carton et R. Specht. C'est Momon, un de nos derniers mineurs de fond, âgé de 91 ans aujourd'hui, qui nous la chante.
Nous le remercions vivement pour cet émouvant hommage :
Cliquez sur la flèche verte pour entendre le refrain :
Puis un couplet :
Voici une série de documents, extraits du site de la DRIRE qui retracent les étapes de la sécurisation effectuée en 2006 :
Entre temps, Louis MARCHAND, conscient de ce déclin, avait prévu la reconversion des mineurs dans une entreprise de travaux publics : Gauthier Roger Fils.
Son décès le 26/11/1975 mettra fin à cette activité.
L'ingénieur GRUNER avait estimé la réserve de charbon dans le bassin d'Ahun à 26 millions de tonnes environ. 12 millions de tonnes ont été extraites. On peut donc supposer qu'il reste environ 14 millions de tonnes de charbon dans le bassin houiller.