Le Monument
aux Morts de la Guerre 
Sa petite histoire est exemplaire, car derrière l'hommage légitime de la Commune de Lavaveix-les-Mines à ses enfants morts de la guerre, se dessine bel et bien une victoire de la démocratie locale !

Nos Aînés ne plaisantaient guère, en effet, avec la fonction d'élu municipal et le respect du rôle de chacun, tel qu'il résulte de la Loi, et cet hommage, on ne peut plus pacifique, va pourtant déclencher  les hostilités au sein du Conseil ...

Tout commençe très démocratiquement le 28 avril 1922 par un vote, à bulletin secret, des 21 membres du Conseil Municipal appelés à choisir l'emplacement du Monument.

5 lieux sont proposés :
au Communal :

à l'ancienne Croix :

Place Carnot :

Place de la République :

ou à l'Hôtel de Ville :

Il faut 3 tours de vote pour qu'une courte majorité se dégage en faveur ... du Communal !

Mais voici qu'en cours d'année, un vent de tempête se lève et pousse 11 conseillers à la fronde : ils contestent les décisions prises par le Chef de Village de l'époque, seul, ou en petit comité, sans accord préalable du Conseil, ni inscription à l'ordre du jour des réunions ! C'est par courrier recommandé  qu'ils exigent la tenue d'une séance extraordinaire "ayant pour but de prendre des décisions sur la question du Monument aux Morts"...

Cette session extraordinaire a lieu le 29 janvier 1923. Sur les 21 membres, seuls 13 sont présents ... séance mémorable !

Il est d'abord donné connaissance d'une proposition écrite émanant des 11 conseillers frondeurs, réélus, ainsi libellée :

"Le Conseil Municipal de Lavaveix-les-Mines considère comme non fondés et par conséquent nuls les pourparlers engagés et les demandes faites en dehors de son contrôle concernant l'érection d'un Monument aux Morts de la guerre, ........ Refuse particulièrement le projet d'un Monument analogue à celui érigé à Saint-Médard (déjà ?) qu'on a tenté de lui faire accepter par surprise. Il vote un blâme formel au Maire qui ne s'est pas opposé, comme la loi lui en faisait un devoir, aux travaux entrepris, sans ordres du Conseil, au Communal, et décide :

1°) La Commune de Lavaveix-les-Mines ne pouvant être rendue responsable des dépenses non consenties par le Conseil Municipal, les frais occasionnés par les démarches et travaux susdits resteront entièrement à la charge de leurs auteurs,

2°) En réparation du préjudice causé à la commune par l'abattage de 4 arbres au Communal, la valeur de ces 4 arbres sera, après estimation, réclamée aux responsables de cet abattage pour être versée à la caisse du Receveur municipal,

3°) L'étude d'un nouveau projet de monument sera reprise immédiatement sur des bases nouvelles. A cet effet, une commission de 4 membres sera nommée à laquelle viendront s'adjoindre des délégués des associations d'Anciens Combattants de Lavaveix."


Le Maire tente alors de se justifier : il a commandé le Monument avec l'avis d'une comm
ission dont plusieurs membres ont fait défaut au moment des réunions. Il demande un délai de 10 jours pour la nomination d'une nouvelle commission pour l'étude d'un nouveau Monument ...

Refusé à l'unanimité ... l'ordre du jour est voté ... Ah ! On ne s'en laissait pas conter ... ni promettre monts et merveilles ! Et la sanction ne tarde pas à tomber ! Les mêmes Conseillers présentent une résolution :

"Le Conseil Municipal de Lavaveix-les-Mines considérant :

1°) qu'en disant et laissant dire qu'il est le maître, le Maire s'est attribué une autorité qu'il n'a pas, que ce fait constitue pour ses collègues une injure grave, qu'il n'aurait pas dû oublier que, s'il est le premier Magistrat de la Commune, il n'en reste pas moins soumis au contrôle du Conseil Municipal,

2°) qu'en couvrant de son autorité les démarches secrètes d'un petit comité faites en vue de l'érection à Lavaveix-les-Mines d'un Monument aux Morts de la guerre, il a pris la responsabilité d'engager la Commune en des dépenses qu'il aurait dû savoir exagérées,

3°) qu'en ne poursuivant pas les auteurs des travaux effectués sans ordres au Communal, il a sciemment manqué au devoir qu'il a de conserver les biens communaux, devoir dont il est chargé par l'article 90 de la Loi du 5 avril 1884,

4°) qu'en traitant des travaux de la Commune de gré à gré il a volontairement négligé les intérêts mêmes des contribuables, faisant ainsi acte de mauvais administrateur ...

Qu'il est bien entendu qu'en votant une indemnité au Maire, le Conseil Municipal a voulu, dans la mesure du possible, le dédommager du trouble apporté à l'exercice de sa profession par l'accomplissement de sa fonction municipale,

Qu'en revanche, il est en droit d'exiger une administration sans cesse dirigée vers la recherche de l'intérêt public,

Qu'il a le pénible regret de constater que cette administrat
ion n'existe pas,

Décide, pour ces raisons, de supprimer purement et simplement au Maire de Lavaveix-les-Mines, et ce à dater du 29 janvier 1923, l'indemnité supplémentaire de deux mille francs qui lui était allouée.

Le Conseil Municipal donne à cette décision toute la signification de blâme qu'elle comporte"


Cette résolution est votée à l'unanimité des 13 membres présents ... et une commission est nommée derechef  pour la vérification du cahier des mandats ...

Le 30 avril 1923, une décision annule celle du 28 avril 1922 : le Monument sera érigé au lieu-dit "La Croix", acceptée à l'unanimité moins une voix ... une souscription publique sera lancée ... une commission de 3 membres nommée ...

Le 28 janvier 1924, un traité de gré à gré est passé avec l'entreprise Nourisseau  pour 21 700 F : taille et fourniture de la pierre et pose du Monument. Le "Poilu" est acheté 9 800 F à la Sté Val d'Osne à Paris.

Le 28 juillet 1924, M. Nourisseau fait connaître qu'il pourra monter le Monument fin Août. Un "coup de caisse" sera passé pour avertir les intéressés de bien vouloir consulter la liste des Morts de la guerre et signaler les omissions qui auraient été commises.

Le 29 septembre 1924, le Monument est terminé et le procès-verbal de réception approuvé.

Le 3 avril 1925, on prévoit l'achat d'une palme, et, en vue de l'inauguration prochaine, une répétition 48 heures avant la cérémonie, avec fermeture des commerces et débits de boisson de 9 heures à 12 heures ...

Le voici à l'époque :

 
 


et aujourd'hui :

On aurait pu en rester là et fêter dignement le Monument ... et la paix retrouvée ... mais voilà que le Monument sème à nouveau le trouble ... à la Préfecture !

Le Préfet refuse en effet d'inaugurer le Monument qui porte l'inscription "à ses Enfants victimes de la guerre", le terme "victimes" ayant été jugé inacceptable ! 

Inauguré ou pas, aucune précision n'a été donnée ensuite ....

On ajoutera plus tard, au pied du Monument, la statue "La Pleureuse" oeuvre d'un sculpteur de Lavaveix-les-Mines Yves Barbot, en hommage aux victimes de la seconde guerre mondiale.

 

 
Juste derrière le monument se trouve le plus bel édifice de la commune, l'ancien groupe scolaire ... 


 
 



 
 



Créer un site
Créer un site