Le père Misti
Mais où sont les funérailles d'antan ?

Au fond de la rue de la Verrerie, dans ce quartier, se trouvent les ruines de la maison de mon arrière-grand-père ... délabrement presque invisible sous une végétation de lierre,de ronces, de végétaux multiples.
 

 
C'est dans la cour de cette habitation que mon arrière-grand-père rangeait son corbillard. Le père Misti -comme on le surnommait- faisait office de conducteur de corbillard  (croque-morts), fonction qu'il a exercée durant des années ...
 
Je me le  rappelle, à ces tristes occasions, conduisant le défunt vers son lieu de sépulture .... De forte corpulence, pas très grand, le visage agrémenté d'une grosse moustache, tout de noir vêtu dans son costume qui le serrait un peu dans les entournures, son chapeau à large bord sur la tête ...

Assis sur le devant de la charrette funéraire, quelque soit la couleur du temps, il tenait les rênes de sa jument pour guider l'attelage chargé du cercueil, le tout drapé de tissu noir, orné de franges et broderies argentées, avec sur le dessus les quatre plumets noirs qui se dressaient, frémissants, vers le ciel.
 
Le jour des obsèques, les porteurs du cercueil -voire le curé et l'enfant de choeur- étaient présents de la mise en bière jusqu'au lieu d'inhumation, . Le fossoyeur, déjà au cimetière, avait préparé, creusé la tombe (la fosse).
 
 
Seule, la résonance des sabots de l'animal sur la croûte bitumeuse rythmait le pas du cortège funèbre. La famille suivait le corbillard, les femmes d'abord, en grand deuil, le visage et les larmes cachés sous un long voile de crêpe noir. Les hommes, quant à eux, portaient costume sombre et morceau d'étoffe noire  au chapeau, au revers du vêtement ou au bras en signe de deuil. On appelait cela "un brassard de crêpe". Le cortège que conduisait le père Misti du haut de son corbillard se composait de gens endimanchés pour la triste occasion, d'amis, de proches, de voisins ... tous se connaissaient : mineurs, paysans, commerçants, etc... et la colonne s'acheminait lentement, silencieusement, dans un recueillement de circonstance ... on chuchotait un "bonjour", un discret "comment ça va ?"
 
 
La procession funéraire s'allongeait, s'étoffait au fur et à mesure de son avancée vers le cimetière, par la venue de nouveaux amis ou connaissances, signifiant leurs sentiments d'amitié et de sympathie pour les proches du défunt. Si le cortège croisait la route de quelques gens, ces derniers s'empressaient de s'arrêter, et dans un sentiment de considération envers la famille du défunt, les femmes se signaient et les hommes retiraient leur couvre-chef.
 
Ce rassemblement était aussi un temps de retrouvailles. Après les condoléances, embrassades et paroles de réconfort, qui se faisaient au cimetière, cette cérémonie se terminait ... aux deux bistrots de la Verrerie ou au-delà suivant la route de chacun, pour le plaisir de se revoir, de partager et échanger des moments de vie. Evidemment, le père Misti n'était pas en reste !
 
Après quelques heures passées à "casser la croûte" dans le brouhaha des voix où les verres remplis s'entrechoquaient, vidés plus que de raison, le vin manifestait son effet .... c'est probablement dans ces réunions copieusement arrosées, que se racontaient des histoires à l'accent burlesque ... "le père Misti, au cours d'une partie de chasse, aurait perdu, dans un trou de mine, ses neuf chiens ... toujours chassant, il aurait confondu la couleur du pelage d'un âne couché, entrevu derrière un fourré de genêts, avec celle d'un lièvre !"

Après tous ces épisodes, le retour à la chaumière se faisait titubant ! 

Extrait de la chanson de Georges Brassens 'les funérailles d'antan"

Mais où sont les funéraill's d'antan ?
Les petits corbillards, corbillards, corbillards, corbillards
De nos grands-pères
Qui suivaient la route en cahotant
Les petits macchabées, macchabées, macchabées, macchabées
Ronds et prospères
Quand les héritiers étaient contents
Au fossoyeur, au croqu'mort, au curé, aux chevaux même
Ils payaient un verre
Elles sont révolues
Elles ont fait leur temps
Les belles pom, pom, pom, pom, pom, pompes funèbres
On ne les r'verra plus
Et c'est bien attristant
Les belles pompes funèbres de nos vingt ans

Santamine

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